L’importance de l’implication politique

**En pleine pandémie et avec des sondages donnant la victoire à François Legault sans véritable opposition dans un futur rapproché, plusieurs semblent se détacher et s’éloigner de la joute politique. Une grave erreur qui ne pourrait pas venir à un pire moment.**

Notre société traverse plusieurs défis de taille actuellement et il est important pour la population d’avoir son mot à dire : coronavirus, crise climatique, réforme du mode de scrutin, perte de confiance envers les institutions judiciaires et politiques et bien plus encore frappent le Québec et le Canada de plein fouet. C’est donc une période trouble pour notre société qui, étrangement, ne semble pas s’en rendre compte ou joue volontairement à l’autruche. Le tiers de la population ne se déplace pas pour voter, les jeunes semblent réticents à s’impliquer politiquement et le cynisme envers la classe politique est omniprésent. Les années Charest et les nombreuses allégations de corruptions, la commission Charbonneau et la crise de 2008 ont causé une méfiance de la population envers ses dirigeants et ses institutions qui perdure encore aujourd’hui. Le très court mandat du Parti Québécois n’aura pas aidé non plus à ce cynisme puisqu’il aura démontré l’incapacité à collaborer de l’Assemblée nationale lors d’un gouvernement minoritaire. Finalement, le gouvernement Couillard et ses mesures d’austérités auront mis au placard pour plusieurs la confiance des Québécois envers leur gouvernement. Les coupures de services, la centralisation et un mépris ouvert envers la question nationale et sur l’identité ont fait mal concrètement, mais aussi symboliquement aux citoyens. L’élection de la CAQ, la chute impressionnante du PQ et du PLQ et une hausse significative du côté de Québec Solidaire était donc prévisible et un signe d’une frustration profonde envers la classe politique classique.
#### La CAQ profite de ce sentiment.
Fin politicien, François Legault réussit très bien à utiliser ce sentiment de méfiance et ce cynisme à son avantage. Il se présente dans un rôle de père de famille, défendant le Québec face à la pandémie, mais aussi des incursions du gouvernement fédéral dans les compétences du Québec. Il réussit à jouer la carte du nationalisme et de l’identité nationale qui était la chasse gardée du Parti Québécois auparavant tout en se présentant comme un dirigeant économique avec une équipe économique solide. Une stratégie qui paie, puisque les libéraux qui se présentaient comme le parti de l’économie auparavant ne semblent pas capables de reprendre ce créneau vital pour eux. Ce faisant, la CAQ ne laisse que des miettes à l’opposition en ratissant extrêmement large par son statut de coalition rangé derrière un chef que la population supporte. Seul QS réussi à se démarquer par une position résolument à gauche tant économiquement et socialement, mais sacrifie une certaine crédibilité pour y arriver.
#### Pourquoi s’impliquer alors?
Vous pourriez penser que devant un tel constat, l’implication politique, à l’extérieur de la CAQ est bien futile. Je crois que c’est là une erreur fondamentale et je tiens à rappeler que la mobilisation citoyenne a déjà fait bouger le gouvernement Legault sur plusieurs aspects. Il a reculé sur le PEQ, il a bonifié sa plateforme environnementale et promet d’autres mesures de ce côté et il a pris un temps d’arrêt sur le projet de loi 61. D’autre part, à l’époque du gouvernement Duplessis, les ténors de la Révolution tranquille ne se sont pas résigné et tourné les pouces, ils ont travaillé dans l’ombre pendant des années à attendre leur moment et ont pu amener les changements que nous connaissons grâce à une préparation importante. Le même constat s’applique à l’époque de Robert Bourassa, et ce dans les deux sens! Après l’élection de 1973 où Bourassa remporte 102 sièges sur 110 (ce n’est pas une faute de frappe), le PQ et René Levesque réussiront l’impensable en remportant de façons majoritaires l’élection de 1976 menant au premier référendum en 1980 et un règne péquiste de neuf ans. Qui n’a pas lâché le morceau et continué de s’impliquer et travailler dans l’ombre pendant ces neuf années? Robert Bourassa, encore lui, reprendra le pouvoir pour neuf ans à son tour. Pourquoi est-ce que j’explique tout cela? Parce que l’histoire démontre constamment que le présent n’est jamais garant de l’avenir en politique. Un parti mourant peut revenir à la vie aussi rapidement qu’il avait décliné et un parti au pouvoir pendant des années, comme l’Union Nationale, peut disparaître subitement lorsque la situation politique évolue. Les gens qui s’impliquent politiquement sont constamment ceux qui finissent par écrire les projets de loi, projets de sociétés et le climat politique du futur sans même le savoir parfois.
#### Nous n’avons pas les moyens de nous priver de bonnes idées.
À l’aube du plus grand changement de paradigme économique depuis la chute de l’Union soviétique, il est plus important que jamais d’avoir tout le monde à bord et d’avoir un débat public. Nous n’avons pas les moyens de nous priver de bonnes idées et de faire taire le débat au nom de la partisanerie ou du désintérêt. Il faudra réfléchir à notre avenir comme nous l’avons rarement fait depuis le référendum de 1995 et pour cela, il faut que tout le monde mette l’épaule à la roue. Je m’adresse spécifiquement aux jeunes ici. N’ayez pas peur de vous impliquer, les plus vieux seront ravis de vous aider et de vous mentorer. La politique est moins opaque qu’elle n’y paraît et vous trouverez un sentiment de camaraderie que je compare souvent à celui d’une équipe sportive. N’hésitez pas à aller voir les organisations sur vos campus, les débats pendant les élections ou à écrire aux candidats. Les ailes jeunesse sont toutes à la recherche de militants et de jeunes pleins de bonnes idées. Qui sait, votre idée ou proposition pourrait être le prochain grand enjeu électoral ou le début d’un Québec totalement différent.

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