Le grand chantier PSPP

**La poussière et l’émotion retombent lentement, mais sûrement pour les membres et militants du Parti Québécois. Euphorie, joie, tristesse et colère alternent entre les diverses factions et membres du parti à la suite de l’élection de Paul St-Pierre Plamondon comme 10e chef du Parti Québécois. Un vote que le principal intéressé qualifie de vote pour le changement, pour un retour à la cause première du parti : l’indépendance.**

Paul St-Pierre Plamondon n’a jamais tenté de camoufler la réalité qu’il percevait au Parti Québécois. C’est un parti à reconstruire, à la croisée des chemins comme il l’a si souvent dit dans la campagne. Non seulement ça, mais il s’est aussi positionné pour rebâtir le camp du OUI et refaire du PQ le vaisseau amiral de l’indépendance au Québec. Un grand chantier qui prendra du temps, de la patience et beaucoup d’effort. Heureusement pour Paul, le PQ a déjà adopté de grandes réformes pour lui faciliter la tâche et rendre le parti plus agile et adapté à la réalité de la politique contemporaine.
#### Unir les troupes.
Le premier objectif du nouveau chef doit être d’unir les troupes et d’apaiser les diverses factions. Il faut absolument éviter une chasse aux sorcières comme nous avons pu voir dans le passé à la suite d’une course à la chefferie. Fort heureusement, Paul s’est positionné dès son discours de victoire comme un chef cherchant l’unité et la cohésion. Ses interventions dans les médias abondent dans ce sens ce qui donne une image positive au parti. Il reste à voir si un ténor du parti ou un appui de taille à un de ses rivaux ne tentera pas de lui tirer dans le pied avec une déclaration fracassante comme seuls les péquistes fâchés en connaissent la recette…
#### Place aux jeunes.
Dans la continuité de son rapport, Osez repenser le PQ et les résolutions du congrès exceptionnel de Trois-Rivières, le nouveau chef risque de faire une place de choix aux jeunes. Il faudra voir le succès de ces mesures et la capacité du parti à recruter suffisamment de sang neuf pour remplacer les vieux routiers au fil du temps. Le principal défi sera de faire cette place aux jeunes sans exclure les plus vieux membres. Il faudra travailler vers une transition où les plus expérimentés transmettent leur expérience aux plus jeunes et où les plus jeunes apportent de nouvelles idées aux plus vieux membres capables de calmer les ardeurs des plus radicaux et de canaliser l’énergie des plus ambitieux. Un équilibre complexe et fragile, mais nécessaire.
#### Réhabiliter le concept de nation et le nationalisme.
Pendant la course et dans son dernier ouvrage, Paul St-Pierre Plamondon a pris position à de nombreuses reprises contre le modèle multiculturaliste canadien et le concept d’État Post-National. Il explique d’ailleurs très bien dans son livre Rebâtir le camp du OUI comment cette vision divise les gens et la population et cause des frictions et un affaiblissement de la démocratie. On peut critiquer et ne pas aimer Frédéric Bastien, mais ses interventions sur le clientélisme étaient fondées. Le Parti Québécois devra donc réussir à attirer les gens dans le giron de la nation et de l’indépendance à une époque ou ces deux concepts sont mis à rude épreuve par un individualisme débridé et un clientélisme politique décomplexé. Non seulement cela, mais le PQ devra rivaliser avec un autre parti indépendantiste en opposition à ces concepts et omniprésent dans les sphères universitaires et collégiales. C’est la plus grande difficulté à mes yeux à la reconstruction d’un véritable camp du OUI.
#### Rafraîchir l’image du PQ.
La touche finale du grand chantier PSPP sera de moderniser et de rafraîchir l’image du Parti Québécois. Si l’on se fie à sa campagne, on peut s’attendre à une refonte haute en couleur, positive et avec du mordant. Une image cadrant avec la réalité des médias sociaux, un intérêt diminué ou plus court envers la joute politique et le côté jeune et fringant que le nouveau chef semble vouloir incarner. Reste à voir si ces changements pourront être faits à temps pour 2022, car l’image de marque du PQ part de loin. Reste qu’une telle refonte est loin d’être impossible, le Bloc Québécois avec Yves-François Blanchet a réussi ce tour de force dans des conditions similaires et avec un échéancier similaire.
C’est donc véritablement un chantier PSPP plus qu’un chantier péquiste qui attend le Parti Québécois. Une victoire convaincante, une situation permettant de croire à une stabilité sur le long terme et un chef désireux d’incarner le changement au PQ font que l’on est en droit de s’attendre à ce que le Parti Québécois change drastiquement pour s’adapter aux désirs et ambitions de Paul St-Pierre Plamondon. Considérant les circonstances, c’est un chantier légitime méritant l’adhésion des membres et militants. Il faut éviter de tomber dans le piège des demi-mesures et des réformes inachevées et aller au bout du plan de match. Les opportunités seront nombreuses, car un tel chantier requiert plusieurs ouvriers, espérons que les membres répondront présents.

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