**Le projet d’avoir un rapport d’impôt unique prélevé au Québec ne date pas d’hier, mais il était certainement plus un rêve distant qu’une réalité jusqu’aux dernières années. En effet, le gouvernement caquiste de François Legault en a fait une revendication phare, le Bloc Québécois s’est engagé à être le relais de cette initiative et enfin, le Parti Conservateur du Canada s’était engagé à faire de ce projet, une réalité.**
Hélas, dans un téléroman que plusieurs dans la classe politique québécoise ont dû avoir l’impression de visionner pour la énième fois, les engagements d’un parti fédéraliste ne se sont pas traduits en actions. Les conservateurs d’Erin O’Toole ont préféré s’abstenir en sachant très bien que cela signifiait la mort du projet de loi du Bloc Québécois. Les libéraux de Justin Trudeau devaient probablement se pincer tellement le retournement de situation leur était favorable.
En effet, cet engagement de François Legault le dépasse largement puisqu’une motion demandant ce pouvoir avait été adoptée à l’unanimité en mai 2018. C’est donc un message fort envoyé au fédéral par l’ensemble des représentants des Québécois. Cela n’a pas empêché Justin Trudeau de s’en laver les mains et de refuser une telle mesure, un thème récurrent dirons certains. Toutefois, la porte était grande ouverte considérant le statut minoritaire de son gouvernement et l’opération séduction du Parti Conservateur envers les nationalistes québécois. Erin O’Toole semblait vouloir se présenter comme le candidat relais pour les aspirations politiques caquistes sur la scène fédérale. Une situation qui a d’ailleurs probablement influencé le projet de réforme sur les langues officielles chapeauté par Mélanie Joly en grande pompe. Face à la pression du bloc et des conservateurs, combiné à un NPD imprévisible sur les enjeux liés au Québec, le PLC s’est retrouvé à devoir faire des petits gestes ici et là pour ne pas perdre trop de plumes au Québec.
C’est bien pour cela que je dis que les libéraux ont dû se pincer lorsque les conservateurs se sont abstenus. Non seulement ils ne prennent aucun blâme médiatiquement pour cet échec à accorder plus d’autonomie au Québec, mais en plus de cela, considérant les rumeurs d’élections persistantes et les sondages favorables à leur parti. Ce projet de loi pourrait bien avoir disparu pour les 5 prochaines années sans aucun impact politique pour les libéraux. Ajoutez à cela que le Bloc vient d’obtenir un exemple concret du bluff des conservateurs sur le nationalisme québécois et les libéraux voient déjà un gouvernement majoritaire dans leur soupe.
Le plus décourageant dans tout cela, c’est que les conservateurs feront probablement quand même du relevé d’impôt unique une promesse électorale. Ils tendront ce dernier comme une carotte au bout d’un bâton en argumentant que seul un gouvernement conservateur pourra mener à bien un tel projet. Que le bloc n’a pas réussi à faire aboutir les désirs du gouvernement québécois à Ottawa. Tout cela en sachant très bien qu’ils sont les seuls responsables de cet échec parfaitement évitable. Ils se défendront en disant qu’ils voulaient défendre des emplois en région alors qu’ils seront probablement les premiers à couper dans la fonction publique en arrivant au pouvoir… Comment voulez-vous ne pas être cynique devant une telle hypocrisie?
Ceux qui me connaissent et ont écouté nos balados savent que je suis sympathique à ce parti. Bien plus que je le suis envers le NPD ou le PLC. Toutefois, je ne peux m’empêcher de me dire que cette abstention est lourde de sens, que le silence des conservateurs sur la question est assourdissant et qu’il en dit plus long sur leur vision du Québec que tous les discours électoraux de leur nouveau chef pourraient exprimer. Je ne peux pas m’empêcher de me sentir trahi et floué par ce nouveau chef qui semblait pourtant vouloir me faire les beaux yeux et me chanter la pomme. Bien beau les discours monsieur O’Toole, mais les votes se gagnent par les actions concrètes, la confiance s’obtient lorsqu’on va se battre pour nos convictions même quand ce n’est pas payant électoralement. Dans les deux cas, vous n’avez pas livré la marchandise.