Quand l’indignité devient la norme

**Vous le savez peut-être déjà, mais je suis un grand amateur d’histoire. Particulièrement l’histoire du Québec et du Canada. Un horrible sentiment m’envahit depuis quelques années lorsque je compare les dirigeants du Québec du 20e siècle à ceux du 21e siècle. Le même constat s’impose un peu partout en occident en fait.**

Vous pouvez bien sûr me dire que je regarde les choses de manière pessimiste ou avec un certain biais nostalgique, mais êtes-vous vraiment capable de me dire que Jean Charest, Pauline Marois, Philippe Couillard et maintenant François Legault s’approchent de Jean Lesage, Daniel Johnson père, Robert Bourassa, René Levesque, Robert Bourassa prise 2, Jacques Parizeau et ensuite Lucien Bouchard? Vous êtes vraiment capable de me dire que le Québec, mais aussi l’occident en général est empêtré dans un marasme, dans un cycle d’incompétence, de corruption et de déclin?

Depuis que je suis conscient de ce qui m’entoure que le Québec va mal. Depuis que je suis en mesure de me souvenir, comme dirait ma plaque d’immatriculation, que je me souviens d’entendre parler d’ingérence, d’incompétence, de collusion, de corruption de politiciens brisant des promesses. Bref, depuis que je suis né pratiquement, l’indignité est devenue la norme de notre système politique.

#### On récompense la soif de pouvoir.
Là où le système devrait favoriser les gens ayant le sens du devoir, ayant un désir d’aider la patrie et ses citoyens, nous avons un système favorisant les personnes assoiffées de pouvoir. Prenons François Legault par exemple. Attiré par la limousine et le pouvoir d’un ministère (avant même d’être élu), il fait le saut en politique en 98 avec Lucien Bouchard. Indépendantiste pressé, il fera le fameux budget de l’an un. À l’époque, il était l’un des plus grands critiques du déséquilibre fiscal dans le système canadien.

Au grand désarroi de François Legault, le PQ sombre dans l’ère Boisclair qui est loin d’être glorieuse. Il est relégué à l’opposition. Il finit par quitter la politique une première fois en 2009 parce qu’il ne veut plus être dans l’opposition.
Seulement 2 ans plus tard, François Legault revient à la charge et fonde son propre parti construit autour d’un manifeste portant le nom du parti actuel. Il dit qu’il n’est plus souverainiste, il dit qu’il veut décentraliser la santé et l’éducation, mettre fin aux divisions entre souverainistes et fédéralistes et point le plus important : rétablir la confiance des Québécois envers leurs institutions!

#### Vaut mieux en rire qu’en pleurer.
Rétablir la confiance des Québécois envers leurs institutions venant de François Legault c’est très ironique voyez-vous. On parle d’un homme protégeant l’incompétence crasse de son ministre de l’éducation, on parle d’un homme défendant les comportements et les agissements illégaux de son ministre de l’économie malgré de nombreux blâmes de la commissaire à l’éthique, on parle d’un homme prenant des décisions affectant tous les Québécois en temps de pandémie dans l’improvisation la plus totale, sans laisser de traces écrites, en mentant ouvertement aux Québécois sur la situation, en mentant sur l’existence de rapports écrits et finalement en refusant toute enquête indépendante dans la gestion de la pandémie. Oui, cet homme était venu en politique pour me redonner confiance envers nos institutions.

Peut-être me trouvez-vous sévère. D’accord, au moment d’écrire ces lignes, François Legault a annoncé une heure avant son point de presse pour dire aux Québécois de réduire à dix leur « party » de Noël une hausse du permis d’émission du nickel dans l’air d’un facteur de 5.

Un peu ratoureux, mais ça ne vous fait pas sursauter? D’accord, pourquoi ne pas annoncer que l’on renonce à la réforme de scrutin, promesse phare lors de la dernière élection un vendredi soir juste après la bombe d’hier et en pleine tempête omicron? Une réforme que plusieurs attendaient avec impatience, une réforme qui devait se faire. Je cite le premier ministre : je ne ferai pas un Justin Trudeau de moi-même.

Je vous laisse la citation originale dans le devoir :

##### L’engagement est réitéré, et dûment enregistré : si la Coalition avenir Québec (CAQ) prend le pouvoir le 1er octobre, François Legault déposera moins d’un an plus tard un projet de loi pour réformer le mode de scrutin, et ce, même si les libéraux ne sont pas d’accord.

##### L’élection qui vient sera donc la dernière du mode de scrutin actuel (majoritaire uninominal à un tour), sûr de sûr ? « Effectivement, a répondu François Legault lundi matin. Sauf si les libéraux sont élus. Mais on ne fera pas comme Justin Trudeau. »

#### Rétablir notre confiance envers nos institutions qu’il disait…
Comment voulez-vous que nous ayons confiance envers nos institutions quand l’une des causes principales de l’avortement de cette réforme est que trop de députés de la CAQ craignaient pour leur siège ?

Comment voulez-vous avoir confiance en nos institutions lorsqu’elles mentent ouvertement aux Québécois quotidiennement tout en imposant des mesures brimant leurs droits et libertés sans la moindre justification scientifique et sans aucun rapport écrit?

Comment voulez-vous avoir confiance lorsque nos aînés sont morts de faim et de soif et qu’on à l’indécence d’aller dire au public que tout va bien et devant le coroner chargé d’une enquête partielle qu’on a juste prit des notes dans notre tête et émis des résumés verbaux à des fonctionnaires fantômes?

Non je n’ai pas confiance envers nos institutions, car elles ne la méritent pas. L’État québécois s’en permet beaucoup au nom d’un fameux contrat social, mais ce contrat social que je n’ai jamais signé que ma génération n’a jamais signé stipulait entre autres que les dirigeants ne soient pas là simplement pour leur bénéfice et pour le plaisir de gouverner. C’est une sérieuse rupture de contrat et je ne vois pas pourquoi nous serions les seuls à devoir s’y tenir.

#### Sources :
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/536418/reforme-du-mode-de-scrutin-on-ne-fera-pas-comme-justin-trudeau-jure-legault
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/505208/legault-coalition-quebec

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