**C’est assez bien connu, je suis critique du Québec, de ses dirigeants et de ses élites. Certains disent que je suis cynique, d’autre me disent alarmiste. Peut-être ont-ils raison, mais je ne peux m’empêcher de ressentir ce sentiment d’une chute annoncée.**
Le Québec va mal, très mal même. Que ce soit économiquement, socialement, culturellement, linguistiquement et démographiquement, le Québec souffre et rien ne semble indiquer une amélioration.
Un des premiers signes de cette agonie est le fait que la culture Québécoise est remise en question, l’idée même du Québec, de la nation québécoise devient de plus en plus abstraite, insaisissable. Qu’est qu’un Québécois? Est-ce que le Québec à une culture et si oui quelle est cette culture?
Plusieurs répondront qu’un Québécois est n’importe qui prêt à se dire Québécois et dans mon cœur j’aimerais pouvoir dire qu’une telle chose est véridique, mais nous le voyons au quotidien, particulièrement à Montréal, être Québécois c’est plus que de simplement vivre au Québec. Cette vision naïve de la nation contribue à notre agonie. Montréal, métropole du Québec n’a de Québécois que sa localisation géographique. La ville est désormais de facto bilingue, elle est multiculturelle comme toutes les autres grandes villes et les francophones, les Québécois « de souche » quittent Montréal pour les banlieues où les régions.
Pourquoi donc? Pour plusieurs raisons, mais notamment parce que la culture québécoise n’est pas compétitive. Voyons la culture comme un organisme vivant. Dans une situation d’isolation et de protection (géographique ou par l’État) l’organisme ne développera pas de défenses et de moyens d’adaptation. Dès qu’une espèce invasive se présente, l’organisme local souffre et parfois, disparaît.
Pour les plus concrets, nous pouvons utiliser l’exemple du protectionnisme économique. Une industrie protégée par l’État via des accords commerciaux perd, au fils du temps, de sa compétitivité, car elle n’a pas à se soucier de ses rivaux. Or, lorsque la protection prend fin, l’industrie en question à tendance à sérieusement souffrir.
Tout ce détour, simplement pour vous dire que la culture au Québec, la langue française depuis la conquête, était toujours isolée et protégée. Que ce soit par la géographie, le clergé, l’incapacité de communiquer et comprendre nos voisins (une sorte de bulle culturelle et de l’information) ou plus récemment l’État Québécois. Notre culture et notre langue n’avait jamais fait face à de la compétition sauf à Montréal et nous avions perdu cette bataille.
Or, l’avènement de l’internet, la mondialisation, le tourisme et l’immigration de masse changent drastiquement la donne. Exiger l’affichage en français relève maintenant d’un pansement sur une jambe de bois. C’est purement esthétique, car la vaste majorité de ce qui nous entoure est désormais en anglais. Informations, logiciels informatiques, réseaux sociaux, culture, etc. L’impérialisme culturel américain a placé les autres langues comme des langues locale, des dialectes, mais lorsqu’on veut sortir de notre cocon, il faut parler la langue mondiale : l’anglais.
Ainsi donc, la bataille pour le français au Québec me semble perdu, car Montréal est perdu. Le seuil est atteint et les élections le démontrent. Politiquement, culturellement, Montréal est complètement coupée du reste du Québec. Comment convaincre un nouvel arrivant de parler français lorsque tout ce qui l’entoure est en anglais? Imaginez que vous immigrez en Angleterre et qu’on exige que vous appreniez le Gallois parce que des gens avec qui vous n’aurez jamais d’interactions parle cette langue. Sgriwiwch chi direz-vous.
Ça se reflète dans l’économie de la ville. Les quartiers les plus riches et dynamiques sont de nouveaux les quartiers anglophones, les francophones, plus pauvres, quittent ce qui accentue le phénomène. Un cercle vicieux difficile à stopper. Si le français perd économiquement et culturellement à Montréal, ville où il devrait être le plus compétitif, que va-t-il rester du Français dans le futur? Est-ce que la métropole francophone d’Amérique du Nord sera Rimouski? C’est insuffisant pour soutenir une culture et maintenir le concept et l’idée de la nation vivante.
#### Une nation refusant de se reproduire est une nation méritant de mourir.
Évidemment, ce déclin serait moins drastique si nous étions en mesure de renouveler notre population. Or, ce n’est plus le cas depuis 1970 environ et les conséquences sont désastreuses. La population est vieillissante ce qui comporte plusieurs désavantages. Une population plus vieille est une population prenant moins de risque, une population plus peureuse, moins active et moins productive.
Une société vivante est une société jeune et dynamique, pas une société où il se vend plus de couche pour adulte que pour bébé. Une société qui veut perdurer est une société où l’ambition et la prise de risque sont récompensés où prendre l’initiative est une bonne chose. Au Québec, notre société est vieille et très peureuse. La prise de risque est mal perçue, l’ambition est vu comme de l’avarice et prendre l’initiative est toujours risqué, particulièrement lorsque ça touche le gouvernement de près ou de loin.
La situation n’ira pas en s’améliorant et le vieillissement est irréversible malgré toutes les promesses des apôtres de l’immigration de masse. On ne peut pas remplacer les naissances manquantes par des immigrants, c’est économiquement impossible, culturellement du suicide et moralement douteux au mieux. C’est sans compter le fait que plusieurs francophones quittent le Québec année après années.
Pour une première fois en 50 ans, plus d’Ontarien traversent notre frontière pour s’installer ici. Pourquoi? Notre pauvreté relative fait que nos maisons sont peu chères et le fait de ne pas parler français n’est plus l’obstacle qu’il était autrefois.
Toutefois, depuis plusieurs années, notre solde migratoire est négatif. Nous perdons des francophones, souvent des travailleurs qualifiés gagnant un bon salaire et nous allons ensuite les « remplacer » par un immigrant, parfois francophone, devant s’adapter et potentiellement, lui aussi quitter pour une autre province une fois qu’il obtient sa citoyenneté. Est-ce que ça vous semble être une solution gagnante?
Si le Québec veut survivre, il doit faire des enfants, il doit survivre à la CHSLDisation à grande échelle du Québec et en ressortir plus fort. Il doit cesser de « protéger » sa culture et sa langue et passer à l’offensive. Il doit permettre aux francophones de créer sans toujours devoir se méfier que l’État viendra les punir, il doit laisser les francophones organiser des événements sans couper le son à 10h parce que des vieux boomers à St-Léonard veulent pouvoir faire leur BBQ tranquille.
Bref, le Québec doit devenir dynamique, souple, tout le contraire de ce qu’il est à l’heure actuelle. Il doit vaincre la sclérose de la bureaucratie, le culte des normes et des règles et accoucher d’une vision cohérente, pragmatique d’une nation francophone en Amérique du Nord.