CHSLD et pandémie : On nous prend pour des cons

**Plus l’enquête de la coroner Géhane Kamel avance, plus les détails indésirables apparaissent pour le gouvernement caquiste. Absence de plan, communication déficiente, processus d’approvisionnement déficients et enfin la cerise sur le sundae : pas de traces écrites.**

Or, grâce au travail de plusieurs journalistes, mais notamment de Thomas Gerbet à Radio-Canada. Le ministère de la Santé, la Santé publique et le gouvernement Legault en général se retrouvent confrontés à une chose à laquelle ils n’ont pas l’habitude. Des questions incisives, une remise en doute de ses propos et un désir d’aller chercher la vérité.

Parce que soyons sérieux un moment, depuis le début de la pandémie, la CAQ a dépensé 133 millions de dollars en publicité en 2020-21 en date du 16 novembre. Ces 133 millions (probablement plus depuis) vont subventionner des médias écrits, vont subventionner des journalistes qui savent trop bien que l’argent du gouvernement ne vient pas sans ses petites conditions et attentes. Un média privé dépendant de l’argent du gouvernement qu’il est sensé surveillé est l’équivalent d’envoyer une Lada sur le circuit Gilles Villeneuve. C’est triste, ce n’est pas vraiment intéressant et c’est encore moins pertinent.

C’est donc rafraîchissant de voir quelques personnes poser des questions pertinentes à ce gouvernement, car la démocratie au Québec et dans notre système parlementaire est bien fragile. Il existe peu de recours pour un citoyen de faire valoir ses droits efficacement ou simplement pour maintenir l’État imputable de ses actions. En étant réaliste, la seule véritable forme d’imputabilité reste les élections.

Cette situation est un peu embêtante pour moi. D’un côté, elle affirme clairement que la population est représentée par ses élus et impose une responsabilité à ses derniers de bien choisir ses représentants. Cela renforce la souveraineté du parlement et sa capacité à légiférer. De l’autre, avoir un seul recours contre son gouvernement, souvent élu aux 4 ans, sans vraiment de possibilité d’intervenir même si l’opinion populaire est clairement défavorable fait des députés qui sont plus que des représentants, mais presque des tuteurs. Ils peuvent se soustraire à leur rôle de représentant pour des raisons partisanes, des raisons idéologiques, de la corruption ou simplement par soif du pouvoir, sans vraiment faire face à des conséquences concrètes.

Passons puisque nous ne changerons pas cette dynamique aujourd’hui. Nous sommes donc dans une situation ou le jugement de la population à chaque élection est primordial. Les citoyens devraient donc avoir un maximum d’informations en main pour prendre une décision éclairée. C’est là que les médias devraient, en théorie intervenir (ils le font d’ailleurs parfois avec brio), c’est là l’utilité du 4e pouvoir. Un pouvoir certes plus indirect, plus faible, mais tout de même important.

De là mon malaise face à ce gouvernement. Je sais que la séparation des pouvoirs ne s’applique en théorie qu’aux pouvoirs législatifs, exécutifs et juridiques (et encore au Canada c’est très très théorique), mais si les journalistes et les médias ne cessent de s’époumoner qu’ils sont importants, qu’ils sont le 4e pouvoir, il faudrait que les bottines suivent les babines et qu’ils reconnaissent leur besoin d’être indépendant le plus possible des gouvernements qu’ils ont la charge de surveiller. D’autres parts, le gouvernement ne devrait pas avoir le droit d’utiliser les médias comme il le fait présentement en toute impunité. On criait aux conflits d’intérêts lorsque PKP s’est présenté comme chef du PQ avec raison, où se trouve cette conviction qu’il ne faut pas mélanger média et pouvoir?

Enfin, si je critique énormément les médias, je critique surtout l’attitude du gouvernement entourant l’information et la transparence. Où sont les avis écrits de la santé publique justifiant des mesures exceptionnelles envers les citoyens québécois, où sont les procès-verbaux des rencontres entre le ministre de la Santé et le directeur de la Santé publique, où sont les rapports écrits des CISSS, CIUSS et autres créations bureaucratiques rendant la santé incompétente et dénuée d’imputabilité?

Qu’on ne vienne pas me dire que personne n’a jugé bon de faire des procès-verbaux des réunions les plus importantes de l’histoire moderne du Québec. C’est de la foutaise et c’est nous prendre pour des cons. Si j’ai une réunion pour un groupe étudiant, si j’ai une réunion sur un CA d’un organisme à but non lucratif, un procès-verbal sera fait. Une rencontre banale entre des directeurs de magasins pour déterminer les objectifs de ventes fera l’objet d’un procès-verbal, mais le gouvernement caquiste veut nous faire avaler que la réunion précédant l’imposition d’un couvre-feu, brimant les droits et libertés de tous les Québécois sans véritable justification ou preuve scientifique est disparue à jamais dès que les participants ont quitté la pièce?

Si aucun rapport écrit ou procès-verbal n’existe, c’est que le gouvernement ne voulait pas avoir de preuves écrites pouvant lui nuire lors de la prochaine campagne, c’est qu’il ne voulait pas de preuves écrites pouvant remettre en question la trame narrative caquiste de la bonne gestion en père de famille.

Que personne dans les médias ou presque ne fasse de ces rapports un enjeu me trouble, car on l’a bien vu, lorsque le gouvernement a voulu refaire le coup avec les CHSLD devant la coroner, elle n’a pas avalé cette couleuvre et comme par miracle, des rapports écrits sont apparus sur son bureau…

#### Sources :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1843570/rapport-coroner-chsld-visites-vigie-inspections

La CAQ a dépensé 133 M$ en publicité lors de son mandat


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1762439/avis-ecrits-arruda-secrets-quebec-legault-covid

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