**L’ancien orphelin politique, Paul St-Pierre Plamondon aura réussi un exploit peu commun. Adopter un parti, mais surtout se faire adopter par un parti politique après l’avoir publiquement critiqué. Retour sur le parcours intellectuel et politique impressionnant du nouveau chef du Parti Québécois.**
Après une course à la chefferie toute sauf ordinaire, les membres du Parti Québécois ont choisi leur nouveau chef. Paul St-Pierre Plamondon ou PSPP pour les intimes devient la nouvelle tête d’affiche d’un parti en cherche d’un nouveau souffle. Un choix plus risqué selon plusieurs, mais plus intéressant pour les autres. Il aura réussi à séduire un parti à la recherche d’une nouvelle voix avec un slogan rappelant les belles années du mouvement indépendantiste, une campagne de communication volubile et haute en couleur.
#### Les jeunes ont parlé.
Après avoir clairement énoncé leur désir de parler davantage d’indépendance, les jeunes auront confirmé que leurs paroles allaient aussi se refléter en gestes. Présent tout au long de la campagne de Paul, les jeunes auront contribué grandement à son élection grâce à une campagne de tous les instants sur les médias sociaux notamment. Il aura su séduire par ses discours enflammés, ses capsules vidéo rafraichissantes et un côté bon-enfant qui aura intrigué plusieurs jeunes désirant une nouvelle approche en politique. Il est clair par sa campagne que Paul veut faire une place de choix aux jeunes dans les instances du parti et dans sa campagne de terrain. Une décision salutaire considérant le vieillissement du parti et le déclin de la popularité de l’option souverainiste chez les jeunes.
#### Rebâtir le camp du OUI.
En pleine course à la chefferie, Paul aura dévoilé son 3e ouvrage Rebâtir le camp du OUI. Un titre attirant le regard de plusieurs observateurs déçu par l’incapacité chronique du PQ à maintenir une coalition digne de ce nom pour l’indépendance. Passant de Lucien Bouchard, Jacques Parizeau et Mario Dumont uni pour un pays, le camp du OUI est désormais fracturé entre les péquistes, les solidaires et plusieurs indépendantistes désabusés s’étant ralliés à la CAQ. Si la promotion de l’indépendance comme pilier central du Parti Québécois n’est pas payante politiquement à l’heure actuelle, il n’en demeure pas moins une nécessité selon Paul. Une vision que plusieurs militants partagent devant le déclin du français, la perte de confiance envers les institutions démocratiques et le marasme économique et politique omniprésent depuis la défaite en 1995. Paul s’est donc positionné comme le candidat du ralliement, de la coalition et de l’indépendance. Une position qu’il aura dû défendre bec et ongle devant Guy Nantel qui se présentait comme le souverainiste pressé et Sylvain Gaudreault, candidat plus consensuel au sein des instances et des plus vieux membres.
#### Un travail de terrain imposant.
Paul St-Pierre Plamondon a martelé pendant la campagne qu’un chef extra-parlementaire n’était pas un désavantage, mais bien un aspect positif de sa campagne. Il a mis de l’avant l’importance du travail de terrain dans un contexte de reconstruction et de séduction partout au Québec. Sa capacité à attirer les jeunes aura convaincu plusieurs indécis qu’il pouvait être l’homme de la situation. Il n’en demeure pas moins qu’il devra réussir à organiser un véritable pèlerinage partout au Québec tout en assurant une cohésion à l’Assemblée nationale avec une députation ayant largement appuyé un autre candidat. Toutefois, Paul n’aura jamais caché l’ampleur du chantier et aura même misé sur une franchise désarçonnant plusieurs de ses critiques.
Paul St-Pierre Plamondon sera donc le nouveau visage d’un parti en manque d’amour par les électeurs. Il devra tenter de refaire de l’indépendance un sujet gagnant politiquement, sans quoi le parti sera condamné à la marginalité. Si l’on peut accuser PSPP d’avoir changé d’idée souvent, il est impossible de le critiquer intellectuellement. Très solide sur ses dossiers, l’évolution de sa pensée est clairement visible au travers ses ouvrages et son franc-parler et sa répartie risque de faire du PQ un parti plus visible, plus fougueux et plus « sexy ». Félicitation au nouveau chef et bon courage.