Les municipalités devront avoir leur mot à dire

**Le déconfinement partiel se met en place, les régions les moins touchées sont petit à petit déconfinées pendant que Montréal s’engouffre de plus en plus dans la pandémie. Pour la première fois depuis mémoire d’homme, Montréal ne pourra pas assurer son rôle de métropole et de cœur économique du Québec. Une opportunité en or pour les régions de se faire valoir et d’aller chercher plus de pouvoirs et de marge de manœuvre.**

Depuis plusieurs années que les régions et les municipalités réclament des changements dans la loi pour enfin reconnaître les villes comme des gouvernements de proximité et non pas une simple entité bureaucratique dépendant du provincial. Cette centralisation cause d’ailleurs plusieurs problèmes et casse-têtes financiers et administratifs, car malgré la centralisation, plusieurs organismes locaux ne peuvent être aidés que par leur gouvernement municipal. On retire donc les pouvoirs aux municipalités, mais de l’autre côté on leur donne plus de responsabilités sans augmenter les transferts. Or, cette situation déjà pénible pour les élus devient insoluble avec la pandémie. Les revenus municipaux sont en chute libre, les responsabilités et les demandes face à la crise se multiplient et pour couronner le tout, certaines régions touristiques se préparent au pire.

Décentraliser pour mieux gérer.

Il semble logique pour moi que de donner des pouvoirs accrus aux municipalités permet aux citoyens d’avoir un rôle plus actif dans la politique et dans leur vie de tous les jours. Décentraliser aux municipalités permettrait d’éviter une lourdeur bureaucratique réduisant l’efficacité gouvernementale et qui nourrit le cynisme de la population qui finit par se demander où va l’argent payé dans des taxes municipales toujours plus hautes. Pourtant ces taxes ne semblent pas suffire aux municipalités, car malgré une hausse constante des dépenses, les transferts ne suivent pas. En outre, ces transferts ne peuvent pas être dépensés librement ce qui empêche les villes d’innover et les force à augmenter les taxes dès qu’elles doivent sortir du portefeuille préétabli. Pourtant, en tant que gouvernement de proximité, les villes profitent d’une connexion particulière avec les citoyens ce qui leur permet d’être plus à l’écoute et donc plus aux faits des besoins immédiats de leur populace. Une décentralisation faite en concertation avec les différents paliers gouvernementaux et des consultations citoyennes permettrait, selon moi, des économies administratives, augmenterait l’efficacité du gouvernement et augmenterait l’intérêt des citoyens envers le monde politique.

Un outil pour combattre le cynisme?

Pourquoi est-ce qu’une décentralisation concertée comme j’ai mentionné plus haut combattrait le cynisme? C’est un raisonnement assez simple, mais qui est logique. Je prendrai ma ville de naissance Amos, comme exemple, car elle représente parfaitement ce que j’essaie de promouvoir. Située en Abitibi, la ville d’Amos est à environ 6h de route de Montréal et à environ 9h30 de Québec. C’est donc dire que chaque prise de décision, chaque budget, chaque événement demandant la permission du gouvernement provincial se trouve révisé dans une ville que plusieurs n’ont jamais visitée et que plusieurs ne verront jamais, car elle est beaucoup trop loin. Impossible de vraiment se sentir compris et écouté par un gouvernement aussi loin et n’ayant aucune idée de la réalité régionale. La fusion d’hôpitaux à Montréal peut avoir du sens et demander au personnel de se déplacer entre ces derniers aussi, mais quand on fusionne les hôpitaux d’Amos, Val-D’Or et Rouyn-Noranda et qu’on demande la même chose aux employés, ça ne fait aucun sens. C’est un exemple parmi tant d’autres, car les décisions prises à Québec ne peuvent pas être représentatives de tout le Québec, car il est bien trop grand et diversifié. Offrir des gouvernements de proximités à ces régions éloignées serait le strict minimum pour permettre un développement régional et local durable. Je me souviens très bien que plusieurs dossiers régionaux comme la présence d’une IRM dans plus d’une ville d’Abitibi auront traîné pendant des années en raison de l’indécision de Québec. Des dossiers simples comme la construction d’une prison, ou la rénovation d’une piste d’atterrissage vitale pour la santé publique de la région auront pris tellement de temps que le maire qui avait lancé les projets aura eu le temps de mourir avant qu’ils ne se réalisent!

Acheter local, décider local.

Il m’apparaît logique que dans cette récente optique d’achat local, la prise de décision locale soit aussi mise en valeur. Le développement durable des régions en dépend et en ces temps incertains où Montréal ne pourra plus camoufler les problèmes régionaux, l’économie régionale devient d’autant plus cruciale pour la province. Il faudra ainsi revoir les lois sur les contrats publics et la fameuse obligation du plus bas soumissionnaire. Permettre aux municipalités de favoriser les entrepreneurs locaux sur des contrats municipaux est un levier économique régional extraordinaire qui doit être actionné. De plus, cette décentralisation pourrait permettre la naissance ou la croissance de plusieurs organismes communautaires locaux aidant à augmenter la qualité de vie de tout un chacun et créant des emplois intéressants pour les jeunes qui n’auraient plus à s’exiler en aussi grand nombre. Impliquons les citoyens et offrons-leur un gouvernement dans lequel ils peuvent réellement faire une différence concrète et visible. Offrons aux gens un gouvernement de proximité plutôt que des chimères légales à la merci de la province.

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