**Dans une révélation explosive, en provenance d’un ancien ambassadeur américain travaillant au Canada : Thomas Enders. On apprend notamment que Pierre-Elliot Trudeau aurait demandé à Paul Desmarais, l’un des employeurs les plus importants au Québec à l’époque, de « rendre les choses aussi difficiles que possible » pour le nouveau gouvernement de René Lévesque.**
Je suis ce qu’on nomme couramment un réaliste, ou pour certains, un cynique lorsqu’on aborde la politique. Ces révélations, bien que choquantes, ne me surprennent pas vraiment. Il faut remettre en contexte la relation de PET avec le Québec. Adulé par les fédéralistes, il était détesté par les autonomistes, nationalistes et souverainistes. Son rêve d’un pays bilingue d’un océan à l’autre, son rejet total du concept de l’entente entre les deux nations fondatrices, mais plus fortement encore son dédain du nationalisme québécois faisait de PET un adversaire redoutable pour les forces indépendantistes et nationalistes du Québec. Il aura même marché sur les pieds de Robert Bourassa, aussi fédéraliste que ce dernier puisse avoir été.
Pierre-Elliot Trudeau était connu pour son génie politique, mais aussi pour son côté ratoureux. Fin stratège, il n’hésitait pas à contourner les règlements, les modifier, les interpréter à son avantage. Maître du jeu en coulisse, il aura réussi là où tous ont échoué avant et après lui : la question constitutionnelle. Il n’a pas réussi dans ce dossier, car il était un meilleur négociateur, un saint homme ou n’importe quelle autre raison, mais bien parce qu’il a su utiliser toutes les méthodes froides et calculées du réalisme politique. Il a divisé les provinces, placé le Québec à l’écart, fait de la propagande entourant la charte des droits et libertés, utilisé ses relations en Angleterre pour empêcher les provinces d’être entendues et finalement, en dernier recours, brisé la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire. Je n’invente rien, Frédéric Bastien dans son livre : La bataille de Londres en fait la démonstration grâce à des archives en provenance du Royaume-Uni.
Évidemment que nous sommes fâchés et déçus de lire une telle chose, mais sommes-nous vraiment surpris? Nous parlons quand même d’un homme ayant rapatrié la constitution sans l’accord du Québec, l’une des 4 provinces fondatrices de la fédération. Nous parlons de l’homme ayant placé le Québec sous les mesures de guerre, emprisonnant ainsi des centaines de Québécois et permettant des fouilles invasives sur des milliers d’entre eux sans raison valide. Nous parlons de l’homme qui a dit au peuple québécois lors du premier référendum : « Si je m’adresse solennellement à tous les Canadiens des autres provinces, nous mettons notre tête en jeu, nous, députés québécois, parce que nous le disons aux Québécois de voter NON, et nous vous disons à vous des autres provinces que nous n’accepterons pas ensuite que ce NON soit interprété par vous comme une indication que tout va bien puis que tout peut rester comme c’était auparavant. Nous voulons du changement, nous mettons nos sièges en jeu pour avoir du changement. »
41 ans plus tard, le Québec est toujours prisonnier du statu quo, le Québec n’est toujours pas signataire de la constitution que Trudeau père enfoncera dans la gorge des Québécois moins de 2 ans plus tard.
Je pose la question avec la plus grande sincérité. Sommes-nous certains que cette attitude a véritablement disparu à Ottawa? Permettez-moi d’en douter lorsqu’on voit les contrats navals aller partout sauf à la Davie, permettez-moi d’en douter lorsqu’on entend des histoires de Stephen Harper répondant à Pauline Marois « À quoi ça sert qu’on paie pour votre pont, si vous voulez vous séparer? ». Enfin, sommes-nous vraiment convaincus que cet acte de sabotage économique est terminé alors que les sièges sociaux, autrefois à Montréal, se déplacent massivement à Toronto. Sommes-nous convaincus alors qu’Ottawa n’a de cesse de fragiliser des secteurs clés de notre économie à chaque signature d’accord commercial alors qu’il fait des pieds et des mains pour protéger l’industrie automobile et de l’acier ontarien? Enfin, même en période de crise, alors que le Canada dépense une fortune partout au pays, continue à défendre un projet d’un autre siècle en Keystone XL, impossible d’avoir un plan de relance et un support financier pour notre secteur de l’aéronautique.
Ainsi, lorsque je vois les réactions de surprises entourant ces révélations je me rends bien compte que le mythe entourant Pierre-Elliot Trudeau est puissant. Alors que presque aucun homme n’a travaillé de manière aussi acharnée à détruire l’idée même de la nation québécoise, au point d’être prêt à affamer sa population, ses compatriotes. Pierre-Elliot Trudeau continue d’être considéré comme un grand démocrate. Comme quoi, il n’y a pas pire ennemi pour une nation que ses enfants.
Pour lire le fameux discours : https://www.collectionscanada.gc.ca/premiersministres/h4-4083-f.html